Militarisation et présence militaire américaine

La fin de la dictature militaire de Ferdinand Marcos en 1986 n’a pas été synonyme d’une moindre militarisation de l’archipel. Par leurs multiples tentatives de coup d’état comme par leur présence aux plus hauts niveaux de l’appareil étatique, les militaires sont restés des acteurs politiques importants. Après 1986, à l’apparition des vigilantes (escadrons de la mort), s’est ajoutée la création des CAFGUs (Citizen Armed Force Geographical Unit) : des civils auxiliaires de l’Armée, dont le nombre est estimé à 60 000, souvent impliqués dans les cas de violations des droits humains. De plus, après 2001 et dans le cadre de la déclinaison, aux Philippines, de la « guerre contre le terrorisme », sous le nom d’« Operation Freedom Eagle », l’Armée philippine a développé les techniques contre-insurrectionnelles (notamment avec Oplan Bantay Laya), qui se traduisent par une militarisation des campagnes.

L’histoire de la présence militaire américaine ne date pas de 2001. Après la guerre coloniale de 1898-1913, les États-Unis ont placé les Philippines sous le régime du « commonwealth » en 1935. Au sortir de la guerre du pacifique, en 1946, ils ont officiellement octroyé l’indépendance aux Philippines, même si des accords économiques inégaux (le Bell Trade Act de 1946, puis le Laurel-Langley Agreement en 1955) ont été conclus. La présence américaine s’est alors matérialisée par d’importantes bases militaires, à Subic et Clark, qui ont durablement assuré aux États-Unis leur présence militaire dans la mer de Chine. Ces bases ont notamment été très importantes lors des guerres de Corée et du Vietnam. Utilisées comme lieu de « repos » pour toutes les troupes du Pacifique, en temps de paix comme en temps de guerre, ces bases étaient entourées de centaines de bordels : au début des années 1990, on estimait que plus de 50 000 femmes prostituées travaillaient grâce à la clientèle militaire américaine. Mais en 1992, le sénat philippin a refusé de renouveler le bail accordé à l’Armée américaine et les bases ont été fermées.

La décision du sénat en 1992, qui s’explique davantage par la conjoncture politique du sénat d’alors que par un consensus des élites nationales sur la question, ne signifie pas que les Philippines ont depuis récupéré la souveraineté militaire sur leur territoire. En effet, dès 1999, les États-Unis et les Philippines signaient le RP-US Visiting Forces Agreement (VFA). Parmi ses nombreuses dispositions, le VFA autorise, sans aucune restriction, les mouvements de vaisseaux de guerre et d’avions militaires américains sur les eaux et dans les airs nationaux. Le VFA dispense les soldats américains de visa pour entrer sur le territoire philippin et il permet aux soldats américains accusés de crime sur le sol philippin de rester sous la juridiction américaine (cette disposition a notamment été utilisée pour protéger des soldats américains accusés de viol par des femmes philippines). Enfin, le VFA dispense de taxes et de quotas les importations de matériels militaires en provenance des États-Unis.

Par ailleurs, depuis 1991, ce qui est décrit comme des « exercices militaires » conjoints des armées américaines et philippines, sous le nom de « Balikatan », ont régulièrement lieu. Ces « exercices » ont été arrêtés en 1995 en raison du fort mouvement de protestation, mené par les forces progressistes et la hiérarchie catholique. Ils ont repris en 1999. Ces « exercices » conjoints permettent aux États-Unis et aux Philippines d’unifier leur commandement, d’entrainer et de former leurs troupes respectives, mais également de mener, sous couvert d’« exercices », des opérations militaires – en particulier à Mindanao et dans l’archipel de Jolo. Les Balikatan sont aussi l’occasion pour les États-Unis et les Philippines de mener des opérations contre-insurrectionnelles sous couvert d’opérations humanitaires : rénovations et construction d’écoles et d’infrastructures, installation de services médicaux et vétérinaires, etc. Cela a été le cas, par exemple, lors de Balikatan 2006, lorsque les troupes américaines (1 500 hommes) et philippines ont porté secours aux victimes d’un glissement de terrain à Leyte. Un autre exemple est la réalisation, lors de Balikatan 2007, de la construction sur l’ïle de Jolo, d’une route de quatre kilomètres.

Les Balikatan sont souvent le prétexte à la militarisation des campagnes et ils se déroulent souvent là où l’État veut contenir les mouvements de paysans. Ainsi, en 2010, il a été révélé que certains des futurs « exercices » auraient lieu dans l’Hacienda Luisita, alors que les propriétaires de l’hacienda refusent toujours de partager, conformément à la loi de 1986, la terre avec la dizaine de milliers de paysans qui y travaillent et que des manifestations ont régulièrement lieu. Depuis mars, une quinzaine de soldats américains ont été vus dans l’hacienda, puis des véhicules avec le sigle « RP-US Balikatan Exercises » en octobre dernier. Les militaires auraient proposé, dans les villages les plus pauvres, de construire des bâtiments de trois étages qui pourraient servir de centre d’évacuation et de centre médicaux. Depuis juin, le recrutement des CAFGUs se seraient intensifié sur le domaine. Ainsi, dans le barangay Asturias, où vivent 300 familles, le 70e bataillon d’infanterie s’est installé sur un terrain de 600m2 et les CAFGUs a commencé par disposer de cinq huttes. Fin octobre, quatre huttes pour les CAFGUs se sont ajoutées : les militaires sont omniprésents dans ce barangay.

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Campagne de solidarité politique avec les victimes de la guerre anti-insurrectionnelle

Dans le cadre de la campagne internationale de solidarité politique avec les victimes de la guerre anti-insurrectionnelle menée aux Philippines, plusieurs conférences-débats sont organisées, en présence de :

Coni Empeño, membre de Desaparecidos,

Dan, réfugié politique philippin aux Pays-Bas,

Gwénola Ricordeau, porte-parole de Karapatan en France.

22 novembre : Paris. 19h30, CICP (21 ter, rue Voltaire / métro Rue des boulets)

23 novembre : Nanterre. 12h, campus de l’Université de Nanterre (Amphi C2 / RER Nanterre université)

Lyon. 19h, campus des quais de l’université Lyon II (arrêt de tram T1, rue de l’université)

24 novembre : Toulouse. 19h30, campus de l’Université Toulouse 2 Le Mirail (Amphi 9 / métro Mirail Université)

Organisations participantes :

Solidarités Philippines, AGEN, Coup pour Coup 31, ROCML – JCML, VP-Partisan, PC maoïste de France, La Cause du Peuple, Servir le Peuple.

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Sur la lutte des paysans pour la réforme agraire

Trois-quarts des pauvres aux Philippines vivent à la campagne. Aujourd’hui, les paysans ploient toujours sous le joug des consortiums agraires, bancaires et commerciaux. Voici quelques données qui illustrent la précarité de leur situation :

  • Les petits paysans versent 30% à 90% de leur récolte au propriétaire foncier pour lequel ils travaillent. La formule dite de « tersyuhan » ( 1/3 pour le paysan, 2/3 pour le propriétaire) est très couramment appliquée.
  • Au niveau national, le salaire journalier minimum d’un ouvrier agricole varie entre 3 et 5 euros. En réalité, sur l’île de Negros et dans les régions de Samar et de la Cagayan Valley, il est respectivement de 0.30, de 1.1 et 1.5 euro.
  • Les paysans payent des prix élevés pour acquérir des engrais et des pesticides. A l’inverse, la vente de leurs récoltes ne leur rapporte pratiquement rien.
  • Les taux de remboursement des emprunts sont astronomiques : 20% par mois, 200% par récolte ou 400% par an. Dans la province du Mindoro Oriental, les paysans remboursent des emprunts équivalent à 30 euros avec 4 sacs de riz, soit quatre fois la valeur de la dette qu’ils ont contractée.

Aux Philippines, les 350 années de domination coloniale espagnole ont mené à la formation d’une petite élite de propriétaires fonciers et à l’instauration de structures semi-féodales à la campagne. Dans une société rurale, détenir de la terre signifie détenir du pouvoir, aussi bien politique qu’économique. Dès lors, on comprend pourquoi les organisations progressistes ont toujours fortement investi la lutte pour une juste répartition des terres. Nous n’évoquerons pas ici la question des minorités ethnolinguistiques qui ont été très largement dépossédées de leurs terres. Si la loi philippine est censée protéger leurs « domaines ancestraux », en réalité, les minorités sont confrontées aux mêmes difficultés que l’ensemble des paysans philippins.

Dans les années 1950, les premiers programmes de réforme agraire ont vu le jour. Ils n’ont pas provoqué beaucoup de changements et la pauvreté s’est maintenue dans les campagnes. En 1986, la People Power mettait un terme à la dictature de Ferdinand Marcos. Deux ans plus tard, en 1988, poussée par la population, la nouvelle presidente Corazon Aquino initiait une réforme agraire. Fortement soutenues par les organisations paysannes, les propositions de loi promettaient de profonds changements, mais sous la pression des propriétaires fonciers, le parlement vidait les textes de leur substance en y introduisant de nombreux amendements. Le Comprehensive Agrarian Reform Program (CARP) qui en resulta promettait de partager, en l’espace de 10 ans, 10,3 millions hectares de terres agricoles entre 4 millions de familles paysannes sans terre.

Dès le début, les organisations progressistes de paysans ont très fortement critiqué le CARP car il ne remettait pas en cause l’organisation semi-féodale des campagnes. Ainsi, le CARP contient diverses clauses – comme les schémas de leaseback [1] et des stock distribution options (SDOs) [2] – qui ne rendent pas obligatoire le transfert des terres. En fait, ces clausent permettent aux propriétaires fonciers d’appliquer la réforme agraire tout en conservant le contrôle sur les terres et des paysans qui les exploitent. Par ailleurs, le CARP contient d’autres dispositions qui leur permettent de céder leurs terrains de façon fortement avantageuse. Ainsi, la loi leur octroit des compensations supplémentaires en cas d’« offre volontaire de terres cédées à la vente » (Voluntary-Offer-to-Sell, VOS) et de « transfert volontaire de terres » (Voluntary Land Transfer, VLT), une formule qui prévoit que le propriétaire négocie directement le prix du terrain avec le paysan. Toutes ces dispositions sont régulièrement appliquées alors que la clause, la plus juste socialement, celle d’« achat obligé » (Compulsory Acquisition, CA), n’est utilisée que dans une petite minorité de cas.

Outre ces carences, le CARP pèse lourdement sur le budget de l’Etat. En effet, lorsqu’ils acquièrent un terrain, les bénéficiaires de la réforme paient – selon leurs revenus – une partie du prix d’achat au propriétaire, mais pour que ce dernier bénéficie d’une « juste indemnisation », les pouvoirs publics suppléent. Dès lors, pour nombre de personnes, le CARP n’est pas une tentative sérieuse de redistribuer équitablement la terre entre des millions de paysans. Il s’assimile plutôt à un ensemble de mesures, à un cadre extrêmement favorable aux propriétaires et dans lequel l’Etat joue un rôle d’intermédiaire.

Les années 1990 : Le CARP courtise le marché

Pendant la présidence de Corazon Aquino (1986-1992), la confrontation avec les propriétaires fonciers a été soigneusement évitée. A l’époque, la plupart des terres redistribuées étaient en fait des propriétés publiques ou des terrains offerts via les programmes VOS et VLT (particulièrement avantageux pour les propriétaires). Souvent, il s’agissait de terres peu productives. Cette période a aussi été marquée par une recrudescence de la corruption, des scandales impliquant des propriétaires fonciers et des fonctionnaires du CARP.

Dans les années 1990, sous la présidence de Fidel Ramos (1992-1998), l’influence croissante des idées néo-libérales, couplée à l’idée qu’il faut trouver une solution « aux problèmes posés par les terres litigieuses », ont mené à une adaptation de la réforme. A l’époque, la Banque Mondiale se prononce pour une suspension de la clause dite d’« achat imposé ». En outre, elle se déclare favorable à une réforme agraire complètement pilotée par le marché et basée sur le principe du « willing seller-willing buyer ».

Sur le terrain, il y a aussi eu des changements. Suite à une scission au sein du mouvement national démocratique, de nouvelles ONG et de nouvelles organisations paysannes favorables au CARP ont vu le jour. La Banque Mondiale et les autres donateurs internationaux ont soutenu des programmes comme les Agrarian Reform Communities (ARCs). Des groupes de petites fermes ont été encouragés à produire pour l’exportation et à s’intégrer à l’agro-industrie.

Le gouvernement utilise les Agrarian Reform Communities pour redorer le blason du CARP et pour concentrer sur ces projets les moyens financiers qui devaient être alloués aux paysans bénéficiant de la réforme. Dépourvus de soutien, les paysans ont souvent perdu leurs terres, lesquelles ont été restituées à leur ancien propriétaire.

Simultanément, la grande influence des propriétaires fonciers au parlement et dans l’administration s’est avérée très efficace pour brider les ambitions du CARP et retarder sa mise en oeuvre. En 1996, les objectifs de départ ont été revus à la baisse. Il ne s’agissait plus de partager 10,3 millions d’hectares, mais seulement 8 millions. De même, la quantité de terres privées visées par la réforme a elle aussi été rabotée de 5.3 millions d’hectares à 3 millions d’hectares. Les « terrains publics » qui ont échappé à la redistribution étaient en réalité des terrains contrôlés par de gros propriétaires fonciers (pâturages pour les élevages, exploitations forestières, etc.).

La mise en oeuvre du CARP a été systématiquement ralentie en lui allouant trop peu de moyens financiers. Par ailleurs, la lenteur de la réforme et les multiples clauses d’exception du programme ont permis aux propriétaires fonciers privés d’éviter la réforme agraire. Une des méthodes utilisées par les autorités locales, traditionnellement bien contrôlées par l’élite, a consisté à changer l’affectation des terrains agricoles. Elles sont ainsi parvenues à soustraire des terres de la réforme ou à obtenir leur restitution.

Durant les mandats de Joseph Estrada (1998-2001) et de Goria Macapagal Arroyo (GMA, 2001-2010), cette approche mercantile a pris de l’ampleur. De nouvelles clauses, les Agribusiness Venture Agreement“, ont donné aux propriétaires fonciers et aux multinationales des moyens supplémentaires pour maintenir et renforcer leur emprise sur la production agricole.

Alors que le CARP s’attaquait à la redistribution des terres privées, la tension sur le terrain a progressivement crû. Les propriétaires fonciers ont de plus en plus recouru à des moyens légaux et illégaux pour intimider les paysans. Quant à leurs milices, elles ont empêché les paysans d’accéder aux terres ou les en ont chassés. L’utilisation de la ruse, le recours à l’intimidation et à des procédures plus ou moins légales sont devenues monnaie courante.

Sous la présidence de GMA, la violence à l’égard des paysans et de leurs leaders a considérablement augmenté. Ces personnes ont été les principales victimes d’une vague d’assassinats et de disparitions politiques qui a déferlée sur les Philippines à partir de 2001. Plus de 420 paysans ont été assassinés et le syndicat paysan Kilusang Magbubukid ng Pilippinas (KMP) a perdu 148 de ses membres (133 ont été assassinés et 15 ont « disparu »).

De CARP à CARPER

Après 20 ans « de réformes », le bilan du CARP est très maigre. Non seulement la pauvreté dans les campagnes est deux fois plus importante que dans les villes, mais CARP n’a pas contribué à améliorer l’existence des paysans philippins. Selon les chiffres officiels, seulement 1.9 million d’hectares de terres agricoles privées ont été distribuées depuis 1988. Selon KMP, 82% de ces terres n’ont en fait pas été réellement attribuées à des paysans car des procédures judiciaires sont encore en cours.

C’est dans ce contexte qu’en 2008 que le CARP devait prendre fin. Or le ministère de la réforme agraire a plaidé pour sa reconduction, une position soutenue par la présidente Gloria Arroyo et par différents acteurs sociaux, comme le CBCP (Catholic Bishops Conference of the Philippines[3]), un certain nombre de partis, d’organisations et d’une partie des grands propriétaires fonciers. Alors que certains, comme le CBCP, proposaient d’augmenter les budgets et d’investir plus de moyens dans le soutien aux communautés paysannes qui avaient reçu des terres, les propriétaires fonciers se mobilisaient pour que la clause les obligeant à vendre leurs terrains disparaissent.

En 2009, une nouvelle loi a été votée : la Comprehensive Agrarian Reform Program Extension with Reforms (CARPER). Elle stipule que les terres agricoles privées ne pourront être distribuées qu’une fois que 90% des objectifs de CARP auront été atteints (c’est-à-dire, au rythme actuel, jamais…).

Le symbole de l’Hacienda Luisita

L’Hacienda Luisita est une plantation de sucre de 6 500 hectares détenue par le clan Conjuangco-Aquino, auquel appartient Benigno Aquino III, le président élu en mai dernier. Dans le cadre de la réforme agraire et pour éviter la redistribution de ses terres, le clan en a transformé une partie en terrains de golfe et surtout il a invoqué la clause SDO. Celle-ci lui a permis non pas d’attribuer directement des terrains aux travailleurs de la plantation, mais de les déclarer « co-propriétaires » ce qui leur donnerait accès à une part des bénéfices. Néanmoins et de diverses façons, le clan s’est toujours s’opposé au partage des profits. En novembre 2004, pour briser le mouvement de résistance des paysans et de leur famille, des militaires ont été envoyés : un millier de soldats ont pris d’assaut la plantation. Douze grévistes et deux enfants ont été tués et des centaines de travailleurs blessés dans le « massacre de l’Hacienda Luisita ».

En 2010, les quelques 10 000 paysans qui travaillent sur l’Hacienda n’ont toujours pas reçu la moindre parcelle de terre : l’accord qui avait été proposé par les propriétaires est toujours devant les tribunaux. Par ailleurs, les victimes du massacre et leurs proches continuent à demander justice : aucun responsable n’a été jusqu’à maintenant désigné officiellement. Sur le partage de la terre, comme sur le massacre, le nouveau président n’a pas publiquement position.

Et maintenant?

Les organisations progressistes paysannes se sont opposées à la prolongation du CARP et décrivent CARPER comme une régression. Elles dénoncent une réforme pro-propriétaires fonciers et les clauses d’un programme qui leur permet de renforcer leur pouvoir sur les campagnes.

Depuis 1988, les paysans ont appris qu’ils ne doivent pas compter sur les tribunaux et le parlement pour acquérir ou conserver leurs terres. Les organisations progressistes réunies au sein du syndicat Kilusang Magbubukid ng Pilippinas (KMP) les soutiennent dans leur lutte et leurs revendications. KMP se mobilise en faveur de la “Genuine Agrarian Reform Bill” (GARB). Il s’agit d’une proposition de loi impulsant des réformes plus radicales. Le texte a été introduit par trois partis progressistes : Anakpawis, Bayan Muna et le Gabriela Women’s Party. Il vise à démanteler les grands monopoles agraires, à soutenir le développement des campagnes et à mettre un terme à toutes les formes d’exploitation des paysans par les propriétaires fonciers.

[1] Les terres font l’objet d’un accord de leasing « négocié » entre le paysan et l’investisseur.

[2] Les bénéficiaires ne reçoivent pas un terrain, mais une part de la coopérative. Il n’y a donc pas un véritable transfert de terres.

[3] Organe officiel de la hiérarchie catholique aux Philippines.

Ce texte est une adaptation d’un article publié par Intal (International action for liberation).

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Benigno Aquino III, « Noynoy » : le président du changement ?

Noynoy Aquino a été élu président en mai dernier. Il est le fils de Ninoy Aquino (un opposant de Marcos, assassiné en 1983) et de Cory Aquino (qui a présidé les Philippines de 1986 à 1992, après le People Power). Noynoy Aquino a été élu grâce à un fort soutien populaire, dû à l’aura de ses parents et à ses discours progressistes, en particulier en faveur des pauvres et des droits humains. Lors de son arrivée au pouvoir, Noynoy Aquino a nommé ministre de la Justice Leila de Lima, une militante de longue date des droits humains et a annoncé la reprise des négociations de paix avec le CPP-NPA-NDF. Il a également reconnu que l’arrestation des « 43 de Morong » était entachée d’irrégularités.

Dans le même temps, il a prolongé Oplan Bantay Laya qui se terminait normalement avec le mandat de l’ex-présidente (GMA) et les seuls prisonniers politiques qu’il a libérés sont des militaires putschistes. Noynoy Aquino fait partie des propriétaires de l’Hacienda Luisita et il a laissé son clan familial continuer de priver de leurs droits les milliers de paysans de l’hacienda à qui une partie des terres de la propriété devrait être redistribuées selon la loi de 1988.

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Mardi 23 nov., Université de Nanterre: conf.-débat

Plus d’informations sur le site de l’AGEN.

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Exposition à Paris des photos des “43 de Morong” d’Isabelle Merminod



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La lutte des ex-“femmes de réconfort” de l’Armée japonaise

En 1992, Maria Rosa Henson, « Lola Rosa », a brisé le silence : elle a été la première femme philippine à évoquer publiquement l’esclavage sexuel auquel elle avait été soumise par l’Armée impériale japonaise durant la seconde guerre mondiale (1942-45), comme des dizaines de milliers d’autres femmes dans toute l’Asie du Sud-Est (en particulier en Corée). Quelques années après, en 2000, la sortie du film Markova, Comfort Gay (de Gil Portes) a montré que des baklas philippins avaient aussi été forcés à la prostitution par les militaires.

Suite au témoignage et au livre de Lola Rosa, la Task Force For Comfort Women (TFFCW) a été créée : elle a permis la constitution, en 1994, sous les auspices de Gabriela, de Lila Pilipin. Cette organisation a réuni des témoignages sur 174 cas de femmes ayant été victimes d’esclavage sexuel et a demandé à la justice philippine que soit exigé des excuses et une réparation par le gouvernement japonais. Parmi les 174 victimes recensées, 65 sont malheureusement déjà décédées.

Les États-Unis, le Canada, les Pays-Bas et l’Union européenne ont déjà voté des résolutions soutenant les exigences des mouvements des ex-« femmes de réconfort » de l’Armée japonaise. Le 8 novembre dernier, Gabriela a présenté au Parlement une résolution demandant au Japon de reconnaitre sa responsabilité historique pour la mise en esclavage sexuel de femmes philippines pendant la seconde guerre mondiale.

Il y a quelques mois, la Cour suprême philippine avait débouté l’action en justice intentée par Lila Pilipin. Or il s’est avéré que la décision de la Cour était un vulgaire copier-coller d’une décision prise par une cour américaine dans une affaire similaire. Ce cas de plagiat a été porté devant les tribunaux.

Pour lire les témoignages de Narcisa Claveria (« Lola Isa »), 80 ans et de Pilar Frias, 84 ans, forcées à la prostitution alors qu’elles étaient adolescentes, voir le site de Bulatlat.

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Karen Empeño et Sherlyn Cadapan, deux étudiantes « disparues »

Karen Empeño et Sherlyn Cadapan sont devenues, sur les campus philippins, les symboles des violations des droits humains que subissent les militant-e-s politiques dans le pays. Ces deux étudiantes de l’University of the Philippines (UP) ont « disparu » le 26 juin 2006 à Hagonoy, dans la province de Bulacan (au nord de Manille). Des militaires sont soupçonnés de leur disparition.

Un nom revient souvent dans les témoignages qui permettent de retracer ce que sont devenues Karen et Sherlyn : celui du général Jovito Palparan. Surnommé « le boucher », le général avait été affecté à Bulacan pour y mener, comme il l’avait fait quelques années auparavant à Mindoro, des opérations militaires contre la guérilla communiste. Les nombreux cas de disparitions et de tortures, de représailles sur les populations civiles, qui se sont produits sous sa responsabilité lui ont valu ce surnom de « boucher ».

Des témoignages concordant établissent que des hommes du général Palparan ont enlevé, torturé et violé Sherlyn et Karen. Un paysan, Manuel Merino, a été enlevé en même temps qu’elles deux. Raymond Manalo, un paysan également de Bulacan, a témoigné devant la justice philippine (mais aussi devant le conseil des Nations Unies aux droits de l’homme) que lui et son frère, Reynaldo, ont été enlevés en février 2006 et torturés par les hommes du général Palparan dans un camp militaire. C’est dans ce camp – dont il s’est plus tard miraculeusement sauvé – qu’il a vu Merino être brûlé vivant par des soldats, qu’il a pu voir aussi Sherlyn et Karen, entendre leurs cris lorsqu’elles ont été torturées et violées.

Karen et Sherlyn étaient des militantes politiques. Le père de Karen, Oscar, avait été un dirigeant local d’un syndicat de travailleurs à Zambales. Karen étudiait la sociologie à UP, où elle était membre de la League of Filipino Students (LFS). Sherlyn, elle, étudiait le sport. Elle était membre de la sororité Beta Lambda Kappa Sorority et avait été élue représentante du département de sports en 1999.

Les deux jeunes femmes, lors de leur « disparition », se rendaient dans des communautés paysannes déshéritées de la province de Bulacan. Depuis juin 2006, à UP comme sur d’autres campus philippins, Karen et Sherlyn sont les symboles de la répression qui s’abat sur les militant-e-s politiques. Leurs proches mènent inlassablement un combat pour que les militaires expliquent ce que sont devenues Karen et Sherlyn. Ils ont rejoint Desaparecidos, une organisation qui réunit des dizaines de proches de « disparu-e-s ».

 

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Lundi 22 nov., Paris, CICP: conférence-débat sur les assassinats politiques aux Philippines

Lundi 22 novembre, à partir de 19h30, au CICP (21 ter, rue Voltaire – métro: Rue des boulets), conférence-débat sur les assassinats politiques aux Philippines.

En présence de :

  • Concepción Empeño, membre de Desaparecedos (une organisation de proches de « disparus »), dont la fille, Karen, une étudiante de l’Université des Philippines a disparu en 2006
  • Dan, militant philippin, réfugié politique aux Pays-Bas
  • Gwenola Ricordeau, porte parole de Karapatan-France (ONG philippine de défense des droits humains), sociologue

Le film “Lost in a shadow war” (25 min.), une enquête menée par un journaliste britannique sur la lutte de la guérilla communiste et la répression politique, sera projeté.

Il y a une erreur dans le nom d’une des organisations: il faut lire “ROC-ML”.

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Samedi 6 nov., à Toulouse…

Le  samedi 6 novembre, à Toulouse, pendant la manifestation contre la réforme des retraites, Coup pour Coup a tenu un point d’information sur la situation des droits humains aux Philippines et sur la campagne internationale de solidarité politique. C’est dans ce cadre que Coup pour Coup organise (avec l’Agen, Solidarités Philippines, etc.) une réunion-débat le mercredi 24.6

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